UNE BONNE ALIMENTATION POUR MA TORTUE...
POURQUOI EST-CE SI IMPORTANT ?
Les tortues terrestres dites « de jardin » détenues en captivité sont majoritairement des tortues grecques et des tortues d’Hermann. Ce sont des espèces qui sont phytophages, c’est-à-dire qu’elles ont besoin d’un régime à base de plantes.
A l’état sauvage, elles trouvent dans leur milieu une multitude de variétés très diversifiées de feuilles, d’herbes, de fleurs, de tiges, de baies, de bourgeons, d’écorces, etc. Cette grande diversification est la clé d’un régime équilibré, grâce auquel les affections d’origine nutritionnelles sont inexistantes chez les tortues à l’état sauvage.
En captivité en revanche, les pathologies d’origine nutritionnelle constituent un des motifs de consultation les plus fréquents chez les tortues terrestres, notamment chez les jeunes en croissance. Ces maladies, dues à un manque de diversité des aliments pendant des semaines et des mois, sont d’installation lente et insidieuse et sont également longues à guérir :
- L’ostéofibrose d’origine nutritionnelle est due à des carences à la fois :
- en calcium, à cause d’une ration quotidienne trop pauvre en calcium et trop riche en phosphore,
- et en vitamine D3, à cause d’un manque d’exposition aux rayons UVB, qui permettent la synthèse de cette vitamine au niveau de la peau.
La conséquence est une décalcification du squelette et de la carapace, qui se ramollissent et se fragilisent.
- L’hypovitaminose A, causée par un régime trop pauvre en beta-carotène, peut entraîner des symptômes très variés. En effet, la vitamine A assurant la protection des surfaces des muqueuses de tout l’organisme, une carence peut avoir des conséquences respiratoires, digestives, oculaires, rénales, etc.
- La goutte est une affection lors de laquelle l’acide urique cristallise sous l’effet d’un manque d’eau et se dépose sur les articulations et les organes internes, entraînant des boiteries, des insuffisances rénales, etc.
- La constipation et la diarrhée peuvent être provoquées par des régimes respectivement trop pauvres en fibres et trop riches en sucre
- Enfin, l’obésité, la lipidose hépatique et la croissance trop rapide sont des problèmes causés par une alimentation trop riche en calories, matières grasses et protéines d’origine animale.
Il faut donc, autant que possible, leur offrir une ration composée d’aliments très variés pour éviter les carences…
A TABLE MA TORTUE ! …
MAIS, QU’EST-CE QU’ON MANGE ?!
Au menu, il faut proposer :
- Environ 90% de végétaux (feuilles et légumes) et 10% de fruits, riches en eau, en fibres, en minéraux (il faut 2 à 5 fois plus de calcium que de phosphore), et en vitamine A. Vous pouvez consulter ci-dessous les listes des aliments pouvant être donnés fréquemment (Tableau 1), ceux pouvant être donnés occasionnellement mais ne devant pas constituer l’essentiel de la ration car trop pauvres en calcium (Tableau 2), et ceux qui ne doivent jamais être donnés (Tableau 3).
Sont également listées les plantes couramment présentes dans les jardins et pouvant constituer la base de l’alimentation des tortues (Tableau 4).
Ces listes ne sont pas exhaustives, et il est possible de complémenter avec d’autres végétaux comme la mâche, la roquette, les fanes de radis, les fanes de carotte, les germes de soja, le rutabaga, le poivron, les mûres, les mirabelles, les cerises (attention aux noyaux !), les myrtilles, les groseilles, le kiwi, la mangue, l’ananas, les fleurs d’Hibiscus ou d’Altea, les pétales de roses, les pétales de géranium, les capucines, etc.
- Attention ! Les aliments distribués ne doivent pas avoir été traités avec des pesticides !
- D’autre part, même parmi les aliments recommandés, certains peuvent induire des maladies lorsqu’ils sont donnés en trop grande proportion. Par exemple, les crucifères (choux, brocoli, etc.) peuvent provoquer une insuffisance thyroïdienne. Les épinards et la rhubarbe peuvent favoriser des calculs urinaires. Les champignons peuvent induire la goutte. On peut donner de tout, mais en quantité raisonnable, et ne jamais laisser quelques aliments constituer l’essentiel de la ration.
Tableau 1
Tableau 2
Tableau 3
Tableau 4
- De l’eau doit être disponible en permanence sous la forme de zones de baignade peu profondes (2-3 cm), car les tortues s’abreuvent en se baignant et non en lapant dans une coupelle.
- Une supplémentation en carbonate de calcium est recommandée pour les tortues n’ayant pas accès à un jardin richement planté. Ce peut être sous forme de poudre (une pincée sur les aliments, 1 fois par jour chez les jeunes, 2 fois par mois chez les adultes) ou en laissant un os de seiche à disposition.
Il peut toutefois être dangereux de trop complémenter avec des poudres minérales et vitaminiques commercialisées en animalerie surtout chez les tortues ayant une alimentation équilibrée et une exposition aux UVB, car on risque alors un surdosage (hypervitaminose).
- Une exposition aux rayonnements UVB : la lumière naturelle pour les tortues vivant à l’extérieur, et un spot pour celles vivant en terrarium (fournissant idéalement UVA, UVB et infrarouges). Même s’il ne s’agit pas directement de nourriture, cet élément est fondamental pour assurer la synthèse de vitamine D3 et l’absorption du calcium.
- Quant aux croquettes pour tortues vendues en animaleries, elles peuvent être proposées en complément mais ne doivent pas constituer l’essentiel de la ration.
Le maître mot de l'alimentation équilibrée de votre tortue est donc la DIVERSITE!
Bannissez les régimes monotones faisant intervenir toujours les mêmes aliments (ex : laitue, tomate, banane). Proposez-lui un grand panel parmi les aliments cités, en favorisant les feuilles et légumes plutôt que les fruits (une trop grande quantité de fruits peut provoquer des diarrhées), ainsi que de bonnes conditions environnementales (eau, UVB) et votre tortue sera en pleine forme!
Par Docteur Fanny CHAPELIN
Vétérinaire à domicile et fondatrice de VETERIDOM